Cahin Tahaa
Samedi 25 mars 2006
Alors y'a un truc, je sais pas ce que c'est, mais ça réveille TOUT LE MONDE !
Mp dirait probablement un coq !C'est plutôt une espèce de bestiole avec un sifflement suraigu qui s'est amusé à lancer des vocalises en mode Castafiore sur le coup de deux heures du matin. A un moment, j'ai cru que l'alarme de Tchernobyl s'était déclenchée dans mon oreille.
Aujourd'hui c'est week-end, alors Papa, Maman et Philoo nous rejoignent à la pension sur le coup de sept heures du mat'. Nous prenons le petit déjeuner tous ensemble dans l'air frais du petit matin. Il fait bon, le pain coco est délicieux, il y a des fruits en abondance... Le paradis, je vous dis ! Enfin, je crois que j'ai trop mangé...
Puis Patrick et Marc, nos GO, nous embarquent pour une excursion en bateau à Tahaa.
Petit cours d'histoire-géo par JimmyH.
Raiatea et Tahaa sont deux îles soeurs : elles partagent le même lagon. Raiatea est la plus grande des deux. Aussi appelée "l'Ile Sacrée", elle renferme de nombreux marae dont le plus grand de Polynésie : Taputapuatea (prononcer "Tapou-tapou-atéa") qui était un marae royal. Elle serait, dit-on, le berceau de la culture polynésienne et le point de départ du peuplement de l'archipel. Elle abrite aussi l'aéroport et la "capitale" Uturoa. Elle possède également la seule rivière navigable de Polynésie : la rivière Faaroa.
Tahaa, distante de trois kilomètres, est plus petite, beaucoup plus sauvage, moins touristique, et accessible uniquement en bateau. Son petit nom, "l'Ile Vanille" vous laisse deviner où réside l'essentiel de son activité.
Heureusement, le bateau est couvert, car ça commence déjà à taper dur. Comme il me reste encore quelques souvenirs cuisants de Huahine, j'ai pour ma part passé une chemise que je n'ai pas l'intention de quitter de sitôt. Nous faisons une halte au ponton de l'hôtel Bali Haï pour récupérer un jeune couple marseillais, et nous voilà désormais dix passagers embarqués dans la même galère : nous cinq, les deux tourtereaux, M-F et M. le couple niçois, et Val, une jeune femme qui loge aussi à la pension et fait le tour des îles par les liaisons maritimes. Le temps de rejoindre le passage Te Area Rahi entre les deux îles, nous sommes escortés par quelques dauphins. En face, on distingue Bora Bora qui sort de la brume. Ce matin, le temps était plutôt couvert, mais ça a l'air de bien vouloir se dégager.
Nous faisons une première halte au sud de Tahaa, près de la baie de Apu, dans une ferme perlière où Monique nous explique la greffe en détail, démonstration in situ à l'appui. Puis nous la suivons chez elle pour un petit cours sur le classement des perles et pour voir la production locale. Elles sont toutes plus belles les unes que les autres. Il y a aussi de très beaux bijoux montés. Malheureusement, leur prix a de quoi donner des sueurs froides. Et puis moi, ce qui m'impressionne surtout, c'est la maison : spacieuse, aérée, calme, un véritable "petit" hâvre de paix. Il doit faire bon y passer sa retraite (si tant est que j'aie une retraite un jour).
En longeant la côte Ouest, nous doublons le petit village de Tiva (sur votre gauche, mais sur notre droite à nous) pour nous arrêter finalement près du motu Tau Tau au nord-ouest de l'île. C'est là qu'est installé le seul hôtel grand luxe de Tahaa (classé Relais et Chateaux, excusez du peu) : le Tahaa Private Island. Le bleu de l'eau varie à l'infini. L'onde est transparente ainsi qu'aux plus beaux jours (on se croirait dans une piscine) et c'est tant mieux, parce que nous voilà parés pour le premier snorkeling de l'excursion. Et en plus, on a toujours une superbe vue sur Bora Bora. De quoi alimenter les fantasmes.
Snorkeling = plongée sans bouteilles et en restant à la surface.
Objectif affiché : observer les fonds pas trop profonds et les petits poissons.
Matériel nécessaire : un masque, un tuba qui fuit pas et des palmes. Heureusement, Patrick a tout ça en réserve dans son coffre magique.
Comme il y a longtemps que je n'ai pas manié les palmes et qu'apparemment, il y a pas mal de courant et peu d'eau sur le jardin de corail que Patrick veut nous montrer, je me contenterai du mini jardin de corail en terrain neutre, déjà très beau.... Et ces oursins, E-NORMES ! Clau elle, veut tenter quand même la descente du courant, mais elle finit par revenir toute seule. Au dernier moment, ils ont réussi à la dissuader. Philoo quant à lui, a fait une sympathique rencontre avec un corail qui lui a laissé un souvenir sur le genou. Dans le bateau, il y en a même qui croient qu'il est en train de se vider de son sang, mais en réalité, c'est le deuxième effet Bétadine.
Le temps de remonter en bateau et il est midi. En arrivant au motu où nous devons déjeuner, nous croisons deux grands voiliers en train de lever l'ancre... en oubliant l'un de leurs passagers dans l'eau. A force de cris, ils finissent par s'en apercevoir et stoppent la manoeuvre. Encore un qui a eu chaud.
Les tables ont été dressées sous les arbres et un orchestre local fait l'animation. On n'est pas tout seuls car des gens du coin fêtent un anniversaire et du coup, l'ambiance est très sympa. C'est aussi là qu'aura lieu le deuxième snorkeling, avant de manger. Et maintenant que je maîtrise le coup de palmes, je me jette à l'eau.
Panique à bord en voyant le fond... que justement je ne vois pas ! C'est qu'on est tout près de la passe, et le tapis de corail s'interrompt soudain pour descendre à pic vers des fonds marins à première vue insondables. C'est un brin impressionant. Le bleu des fonds est sombre, limpide, magnifique. Et puis comme l'eau est très portante et le courant entrant, tout va bien. Le seul problème restera les coups de soleil sur les fesses à l'arrivée... Ici, le jardin de corail a largement de quoi faire oublier les précédents qui tout à coup paraissent bien ternes. Les couleurs varient à l'infini, les poissons quadricolor ... pardon. Multicolores ! sont légion. On en prend plein les mirettes. Et évidemment, j'ai pas pris l'appareil-photo... En tout cas, ce snorkeling sur le motu Toahotu restera le plus beau du voyage.
Au menu d'aujourd'hui, repas typiquement polynésien : pain coco, beignets de poisson au coco, uru, taro, bananes fei cuites, salade de poisson cru, poe (se sont des bananes fei mélangées à du manioc, le tout donnant un truc bien compact que l'on coupe en cubes et qui colle un peu au palais. Du genre qui plombe l'estomac, aussi. On comprend pourquoi on a fait le snorkeling AVANT), bananes sucrées, ananas et pastèque pour le dessert. Délicieux.
Vous pensiez qu'après tout ça on allait faire la sieste ? Que nenni ! Sur le motu, il y a des parcs à poissons avec dedans ... des poissons : c'est le moment d'aller faire un petit coucou aux raies (pour les requins, ça sera pour une autre fois. Ok ?) Pas évidentes à caresser, ces bestioles. D'autant que quand elles viennent me frôler et nager sur mes pieds, j'ai légèrement tendance à les retirer. Ca fait tout bizarre, mais c'est tout doux.
En continuant notre tour, nous entrons dans la baie de Haamene - qui fait plus de trois kilomètres de profondeur - pour aller voir une plantation de vanille. Finalement, c'est une plantation de beaucoup d'autres choses aussi : gingembre de diverses variétés, hibiscus (leurs feuilles sont très pratiques pour enlever la buée des masques, servir d'assiettes ... ou de papier toilette), des ananas, des bananes de toutes variétés, sans compter les plants de vanille qui ici ne poussent pas sous ombrière, mais sur les tuteurs vivants qu'offre la forêt.
L'astuce botanique du jour : les bananes "rio" ou "hamoa" (sucrées) poussent en régimes retombants tandis que les bananes "fei" poussent en régimes au sommet de leur bananier. Maintenant, vous saurez les reconnaître.
Quelques raies en liberté accompagnent notre retour au ponton. Vivement une bonne douche, de la crème sur les coups de soleil et le repas !
L'ambiance de l'excursion était très sympa et nous avons rapidement fait connaissance avec nos compagnons de pirogue. Du coup, nous voici tous à la même table pour le repas au ranch. Même si nous sommes tellement crevés que l'appétit s'en ressent. Mais un repas de Patrick fait uniquement de produits locaux, ça ne se refuse pas.
Reste la grande question du jour : mon siffleur infernal de la nuit dernière sera-t-il au rendez-vous aujourd'hui ????