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Destination Tahiti
18 mai 2006

C'est encore loin Grand Schtroumph ?

Dimanche 19 mars 2006 (et oui, encore : décalage Paris --> Tahiti = moins 11 Heures)

Ce qu'il y  de bien avec les tenues de Air Tahiti Nui, c'est qu'elles sont facilement repérables. Le gars, juste à la sortie de l'avion, avec sa chemisette bleue à petites fleurs, c'en est un. Et ouf ! Il parle français. Je lui explique donc rapidement ce qui se passe, et il me confirme que je dois passer les formalités d'immigration comme si je restais aux Etats-Unis, puis récupérer ma valise, passer la douane, et remonter au 3ème étage où se trouve le comptoir d'enregistrement de la compagnie. Hou là ! Ca fait beaucoup d'infos d'un coup, là ! C'est que j'ai quasiment pas dormi, pendant le voyage, et en France, il est minuit. Heureusement, il va ensuite au tapis des bagages. Je le retrouverai là et il m'indiquera le chemin. Bon, mais pour tout ça, j'ai pas la journée, moi. L'avion repart dans 2 heures.
Go !

J'accélère le pas, laissant Clau (qui forcément, s'était arrêtée pendant que je parlais avec le monsieur) sur place. Un peu plus loin, une personne oriente les passagers : les transits, file de gauche, et les autres file de droite. Je passe donc à droite et j'en profite pour lui demander comment on dit "billet GP" en anglais (Heu... GiPi). J'arrive dans l'immense salle où se tiennent les guichets. Nouvelle halte devant une dame en uniforme qui fait le dispatch des files d'attente, et d'une petite voix en peu perdue (faut toujours les attendrir) :
- Do you speak french ?
- Hum. No. Sorry.
- Ok... I have a GiPi ticket, and I'm going to Tahiti, but in Paris, they couldn't register me to destination. What do I write in "US Adress" ? Transit to Tahiti ?
- Oh ... Yes. Transit, it's OK.
Et là, elle me montre la file que je dois prendre... Et forcément... c'est la file qui n'avance pas. D'abord, c'est un asiatique qui reste un bon quart d'heure (à ce qu'il m'a semblé), parce que le type du guichet lui pose plein de questions et entreprend des vérifications de son passeport. Puis tout à coup, le préposé range le tampon dans un étui à sa ceinture et sort de son guichet pour aller taper la causette avec le collègue à côté ! Apparemment, il doit y avoir un blocage du système informatique. Puis le voilà qui revient tranquillement au bout de 5 minutes et reprend les contrôles comme si de rien n'était. Entre-temps, de nouveaux guichets s'ouvrent tout autour de nous et les gens du dispatch dédoublent les files... Et pourquoi pas la mienne aussi ? Hein ? Qu'est-ce qu'elle vous a fait la mienne, pour que vous l'ignoriez comme ça ? Si j'osais, je demanderais gentiment aux gens s'ils peuvent me laisser passer parce que j'ai un autre avion à attraper. Mais bon, on est aux Etats-Unis, et je suis pas sûre que ça se fasse, ce genre de choses. C'est pas le moment d'avoir des histoires.
Bref, la pression monte. J'ose même pas regarder ma montre. Conjurer le sort et ne plus y penser. Et puis il fait chaud, là. Du coin de l'oeil, j'observe aussi le tapis des bagages de notre vol qui est juste en face. Ma valise est bien là, au pied du tapis, et petit à petit l'espace se vide autour d'elle. Elle sera bientôt toute seule - Mais pourquoi ça n'avance pas ??? Pourvu que personne ne parte avec. J'aurais l'air maline. Le gars que j'ai vu à la sortie de l'avion s'affaire autour du tapis et passe ses annonces. Lui aussi, pourvu qu'il se barre pas avant que je sois passée. Et soudain, O Miracle (le deuxième de la journée), le débit de la file s'accélère. Ca y est, c'est mon tour! Hihaaaaaaaaaaa! Allez, index gauche, index droit, "look at the camera". Ca, ça va, je sais faire.
- Where are you coming from?
- Paris.
- Where are you going?
- Papeete. Tahiti. If I can have a seat.
Le gars regarde ma carte verte, me regarde...
- Heu... I have a GiPi ticket, and they couldn't register me in Paris to the final destination because the fly was full.
- Ok. Standby.
-Heu.... (gros doute) ... I stay?
- No, it's OK
... dit-il en me rendant mon passeport tamponné avec la carte verte de sortie du territoire. Ah, OK ! Standby, ça veut dire GP !

Je cours donc récupérer ma valise. Le gars d'ATN est toujours là. Il vérifie le tampon et la carte verte et me montre la douane et le couloir à emprunter pour aller trois étages au dessus à l'enregistrement. Je lui demande si j'aurai le temps et il me rassure quelque peu en me disant que ça ira. La douane n'étant qu'une formalité, je remonte le fameux couloir vers les ascenceurs et là, alors que j'arrive vers la sortie du terminal, un gars de la sécurité m'arrête et me demande d'où je viens - Paris - et où je vais - Tahiti - en tournant autour de ma valise. Et en voyant la grosse étiquette jaune marquée "Standby" sur la dite valise, il a l'air de se radoucir et me laisse repartir (Finalement ça a dû se voir que j'étais pressée). Je monte dans l'ascenceur qu'un monsieur a la gentillesse de retenir, et comme il appuie sur le n° 3, je confirme : "me too" (trop top, mon anglais!) Et là, il me regarde en souriant et en montrant l'étiquette jaune :
- I know. Standby.
- Yes.
- Where are you going ?
- Tahiti. Do you know where is Air Tahiti Desk for registring ?
- Oh. Yes. Just there.
- Thank you. Goodbye.
Bon, si c'est juste là, j'y suis presque. J'ai peut-être une chance. Pourvu qu'il y ait de la place. Par la porte du terminal, je vois qu'il fait un beau soleil de milieu de journée et ça me remonte un peu le moral si je dois rester. Le comptoir de Air Tahiti Nui est caché tout au bout de la salle après les comptoirs d'une compagnie philippine. Apparemment, il n'y a personne dans les files d'attente. C'est pas possible. Ils ont déjà tous embarqué ? Je m'avance donc dans la file en hésitant. Derrière le comptoir, un type me fait signe d'approcher.
- Where are you going ? (si vous ne savez toujours pas ce que ça veut dire : Où allez-vous? ... z'étiez nul en anglais à l'école ou quoi?)
- Tahiti, banane. Sinon je serais pas au comptoir d'ATN... Non, je rigole, je suis restée très polie, très discrète, etc... I have a Standby ticket.
- Luggage ?
- Heu ben yes, of course. (Ca se voit pas? Même qu'il y a une grosse étiquette jaune dessus)
Et là, il commence à me baragouiner un truc... c'était trop beau. Heu... ben le luggage, dans l'avion. In the plane. Quoi? Qu'est-ce qu'il y a ? Et lui qui continue. Finalement, je capte "nine". Oh, ça sent la file d'attente, ça. Et je finis par voir, à l'autre bout de la salle, un gros caisson qui ressemble à un scanner avec un panneu "9" au dessus. OK, compris. Faut d'abord passer la sécurité au poste 9. Demi-tour, pas de course. Avec ces conneries, je vais finir par le rater, cet avion. Je me mets dans la file derrière une dame qui va aux Philippines et engage la conversation. Le gars de la sécurité n'a pas l'air pressé. Pour l'instant, on ne voit personne. Puis il arrive et commence à bouger les piquets et les rubans pour ordonner la file autrement. Aïe ! Ils vont pas fermer, au moins ? Le bonhomme enfile des gants, prend la valise de la dame, lui fait signe d'aller de l'autre côté et me barre le chemin de la main d'un impérieux "Wait !"  Ca fait rire le monsieur derrière moi, alors je me retroune en disant : "Ok. Wait, I understand". Ca le fait marrer. Lui, il est américain, mais il trouve tout ce cirque aberrant. Finalement, le gars revient prendre ma valise. Je passe de l'autre côté pour l'attendre. On me la fait identifier, puis une femme la charge sur un chariot et m'accompagne jusqu'au guichet d'enregistrement. Elle dépose la valise sous le guichet et me fait signe d'attendre derrière la ligne. Apparemment, moi j'ai plus le droit d'y toucher.

Bon, mais maintenant, qu'est-ce que je fais ?  Je suis toute seule derrière ma ligne, et personne n'a l'air de s'intéresser à mon cas. Et là, je lève les yeux vers le panneau d'affichage. Mon vol est le premier annoncé. A côté, la pendule, et ... J'y crois pas ! J'ai encore 1 heure devant moi ! Tout ce temps qui m'a paru interminable, ce n'était en fait qu'une toute petite heure. Tout d'un coup, ça va beaucoup mieux. Je commence à me détendre ... un peu (qui a dit "impossible"?). Finalement, l'hôtesse qui est au guichet de la classe business et était occupée avec un passager, me fait signe d'avancer. Je lui donne mon billet, j'explique la situation (et tout en anglais, s'il vous plaît), en rajoutant au passage que je voyage avec ma tante qui a un billet régulier et que j'aimerais bien pouvoir la prévenir si je peux pas continuer. Là, la fille me répond que normalement le vol est complet - Ben oui, je sais (petit air de chien battu). Elle me demande à quel siège est ma tante, elle consulte son terminal, puis elle disparaît dans le bureau derrière et revient en m'annonçant finalement, avec le sourire, que c'est OK.
- OK ? Really ?  ... Je contiens ma joie. Pour les miracles, c'est jamais deux sans trois.
Le vol était sensé être surbooké, mais elle a fini par me trouver une rangée complète au milieu et elle m'explique que comme ça, ma tante pourra être à côté de moi. C'est bon, je retiens. Le coup de la tata, je le referai ;o)
Arrive alors la chef hôtesse de notre vol de Paris (je connais cette tête, mais où l'ai-je déjà vue... bon sang, mais c'est bien sûr !) qui me demande en français cette fois, très familièrement :
- Alors, comment ça va ?
- Ah ben là, beaucoup mieux, tout à coup.
On papote un peu le temps que j'aie ma carte d'embarquement, puis elle m'explique par où passer pour aller plus vite.

Me voilà donc enfin devant l'entrée de la zone internationale : le Graal. C'est le moment tant attendu de passer... le contrôle de police, bien sûr. Heureusement, il n'y a pas grand monde dans la file. Je pose tout mon barda dans le bac en plastique, y compris les chaussures, je passe le portique... Ca sonne. Quelle surprise... Dans mon élan, je fais demi-tour, repasse dans l'autre sens. Un peu trop vite apparemment, car l'officier, un géant black bien barraqué, m'interpelle d'un "Hey ! Look at me" un peu offusqué.
- Oh. Sorry. (Petit air confus de circonstance).
Je le regarde donc et il me fait signe de repasser. Ca sonne. Il m'observe. Moi je pense que c'est la montre. Lui que c'est plutôt le bracelet. J'enlève donc les deux et retraverse. Ca sonne plus, mais j'ai encore droit à un "Look at me". Oui, désolée. Mais bon, je suis un peu perturbée par les événements, et en plus t'es super grand (et moi toute petite, c'est bien connu). Finalement il me dit que c'est OK, alors je récupère mes affaires, et à ce moment là, il me dit d'un air un peu plus gentil : "Hey, when I say look at me, you look at me". Je le regarde bien, cette fois, pour répondre : "Ok. I'm very sorry".
Le temps de remettre mes chaussures et je file ! Une dernière petite frayeur en réalisant que j'ai failli embarquer sur Air Lingus pour Dublin (Porte 120 au lieu de 122), mais finalement, je serai dans l'avion avant Clau qui pousse un grand soupir de soulagement en me voyant assise quand elle embarque. Faut dire qu'elle s'est un peu rongé les sangs, pendant ces deux heures.

Nous commençons donc à squatter notre rangée entière, quand une hôtesse vient demander : "il y a un couple là-bas qui est sur des fauteuils séparés. Ca vous ennuie s'ils prennent les deux places à côté de vous?" N'écoutant que notre bon coeur, forcément, nous répondons qu'ils peuvent venir. Quand ils s'asseoient, la première chose que fait le monsieur est de se tourner vers Clau en disant un peu abruptement : "I don't speak french". OK, le décor est planté, bonjour l'ambiance. Dommage qu'il ne m'ait pas dit ça à moi : "It doesn't matter : I speak english" :op.
Finalement, je dormirai pas plus pendant la deuxième partie du voyage. A peine un léger assoupissement devant "Vaillant, pigeon de combat". Mais faut dire aussi que j'avais un peu de quoi faire des cauchemars : à peine l'avion a-t-il décollé que je vois tout à coup deux énormes bras velus surgir du fauteuil devant moi et des mains aux doigts épais, courts et velus eux aussi agripper le dossier à quelques centimètres de ma tête. Brrrr ! Mais c'est quoi ça ? On embarque des gorilles, maintenant ? Mais à qui ça peut bien appartenir des trucs aussi horribles ? Je ne le saurai jamais : j'ai pas osé regarder.

Nous atterrissons à Papeete à 22h35 heure locale, soit 22 heures après êtres parties. Il fait nuit. Ici, le débarquement se fait à l'ancienne : une passerelle avec escalier nous permet de descendre directement sur la piste. Ce qui surprend tout d'abord, c'est la chaleur et la moiteur de l'air. Et puis à l'entrée de l'aérogare, il y a une hôtesse qui nous accueille avec une fleur de tiaré et un orchestre local. Voilà, c'est exactement comme ça que j'imaginais l'arrivée dans les îles. Nous passons rapidement les formalités puis récupérons nos valises.
Dernier contrôle de douane :
- C'est vous qui étiez en GP ?
- Heu... oui... Comment il sait ça, lui ? o_O
Dehors, Philoo et Maman nous attendent avec les traditionnels colliers de fleurs. Direction la maison, pas très loin, dans le quartier de Pamatai. Papa nous attend sous la véranda.
Premier réflexe : enlever les bas de contention et le t-shirt à manches longues. Il fait vraiment trop chaud ici.
jimmyh_pamatai

C'est en ouvrant la valise que j'ai découvert mon petit passager clandestin : sous prétexte de vérifier que je n'oubliais rien et de s'assurer que personne ne mettrait rien de compromettant dedans à mon insu, c'est lui qui s'y était glissé ! Sacré Jimmy !

Nous papotons encore un moment sous la véranda malgré les éclairs qui zèbrent le ciel un peu partout autour de nous. Puis il est temps de s'organiser pour dormir : séparation des deux matelas du canapé-lit : un dans le séjour pour Clau et l'autre dans l'appentis pour moi, histoire d'être loin de tous les ronfleurs. Puis une bonne douche et au dodo. On verra le reste demain.

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Commentaires
M
Are you talking to me???!!! LOL
S
Ouf! la bonne douche était méritée.<br /> Un peu comme le commentaire de CélineH, mais moi, j'avais l'impression de devoir lire à toute vitesse pour te suivre dans les files d'attente.
C
Oulàlà, ben, ça m'a stressée ton récit, tellement détaillé que je te voyais courir à LAX, bref, le cauchemar !!!<br /> Heu, LOL pour le gorille !!!
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